Panorama sul Marocco

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Testo

Maroc

Entrer dans la modernitй sans rompre avec ses traditions, concilier
dйmocratie et islam,c'est la voie choisie par le Maroc, pays situй au
point de rencontre de l'Afrique, de l'Orient et de l'Europe. Peuplй de
Berbиres, il a йtй islamisй aux VIIe et VIIIe siиcles, а la suite de la
conquкte arabe. Commandй par Hassan II, le « Commandeur des croyants »,
le Maroc se propose aujourd'hui de jouer un rфle de premier plan sur la scиne
internationale.
Nommй par les gйographes arabes «pays de l'extrкme couchant» (al-Maghreb
al-aqsв), le royaume du Maroc, qui occupe l'extrйmitй nord-ouest du
continent noir, est divisй en rйgions bioclimatiques contrastйes. Ouvert
aux influences occidentales, ce pays limitrophe de l'Algйrie et de la
Mauritanie a dйveloppй une civilisation originale au sein du monde arabe.
Avec l'ancien Sahara espagnol, partie mйridionale du royaume, la
superficie atteint 659 970 km2 [1997], le double de celle de l'Allemagne.
Si l'arabe est la langue officielle, plus du tiers de la population parle
encore la langue berbиre.

Gйographie physique
Bordй par la mer Mйditerranйe, l'ocйan Atlantique et le Sahara, le Maroc
est sйparй de l'Algйrie par de puissantes montagnes et de l'Espagne par le
dйtroit de Gibraltar. Aussi, comme le Maghreb dans son ensemble, a-t-il
souvent йtй comparй а une оle.

Relief
Le Maroc est une terre de contrastes. Sa trиs longue faзade maritime (3
450 km), йtroite et abrupte en bordure de la Mйditerranйe, se prolonge de
plaines et de plateaux du cфtй atlantique. Ses montagnes sont les plus
йlevйes du Maghreb: le djebel Toubkal culmine dans le Haut Atlas а 4 165
m. Elles se dйcomposent en quatre chaоnes formйes а des йpoques
diffйrentes et plusieurs fois remaniйes: l'Anti-Atlas, au sud, relиve du
domaine prйcambrien, le Haut et le Moyen Atlas possиdent un socle
hercynien, tandis qu'au nord le Rif, qui prolonge le Tell algйrien, s'est
constituй avec le plissement alpin. Ces massifs s'ouvrent largement а
l'ouest et encadrent les plaines du Rharb, de la Chaouпa, du Haouz et du
Sous, laissant а l'йcart les hauts plateaux du Maroc oriental. Ils n'ont
jamais constituй un obstacle infranchissable (les hommes ont toujours
utilisй leurs passages et leurs cols). Au nord, la trouйe de Taza, entre
Rif et Moyen Atlas, fut le couloir naturel des invasions venues de l'est,
tandis que les mouvements de population du sud vers le nord n'ont pas йtй
arrкtйs par les montagnes. Deux zones de hauts plateaux s'йlиvent а plus
de 1 000 m: la Meseta marocaine entre le Haut et le Moyen Atlas; les
terres qui prolongent le Tell oranais. Grвce а l'enneigement de ses
montagnes, le royaume est drainй par de longs fleuves bien alimentйs. La
Moulouya se jette dans la Mйditerranйe, le Sebou et l'Oum er-Rebia dans
l'Atlantique. Les fleuves sahariens, comme le Draa, sont intermittents
dans leur cour infйrieur.

Climat et vйgйtation
Les montagnes, qui compartimentent le Maroc en milieux naturels bien
distincts, dйlimitent deux grandes zones climatiques: les rйgions du Nord,
relativement arrosйes, et celles du Sud, dйsertiques aux abords du Sahara.
Dans la moitiй septentrionale, le climat est de type mйditerranйen, avec
des pluies d'hiver et un йtй sec. D'importantes variations locales sont
dues а l'influence atlantique, а l'altitude et au contact du Sahara. La
proximitй de la mer attйnue les йcarts de tempйrature et augmente
l'humiditй; plus on s'en йloigne, plus l'amplitude thermique est
importante, et la sйcheresse prononcйe. Les prйcipitations croissent avec
l'altitude. L'enneigement est parfois important dans les montagnes, oщ les
tempйratures peuvent descendre jusqu'а - 20 °C. Les variations climatiques
interannuelles, particuliиrement marquйes, rendent les conditions
agricoles parfois alйatoires. La vйgйtation est de type mйditerranйen,
avec, en montagne, le thuya, le chкne vert, le cиdre, le genйvrier et
diverses plantes alpines. En plaine se dйveloppent le chкne-liиge,
l'olivier, le lentisque et l'arganier. Dans les steppes de l'intйrieur
poussent l'alfa et l'armoise, tandis que les oasis du Sud sont le domaine
privilйgiй des palmiers.

Population
Le Maroc prйsente une sociйtй composite, oщ un tiers de la population
parle berbиre, langue а l'intйrieur de laquelle se distinguent trois
sous-groupes: le tarifit (Rif), le tamazight (Moyen Atlas) et le tachelhit
(Haut Atlas, Anti-Atlas, Sous). Les arabophones, qui constituent les deux
tiers de la population, sont dans leur grande majoritй des Berbиres
arabisйs: les invasions arabes des VIIe et VIIIe siиcles, puis celles qui
sont connues sous le nom d'invasions hilaliennes (XIe et XIIe siиcle)
n'ont, en effet, entraоnй l'installation que de quelques dizaines de
milliers d'hommes. Mais la sociйtй marocaine en a йtй si profondйment
marquйe qu'il est maintenant lйgitime de parler de culture arabo-berbиre,
mкme si chacun des deux groupes conserve et revendique une certaine
spйcificitй. La population juive, aux origines diverses (Berbиres judaпsйs
avant l'иre chrйtienne, Juifs expulsйs d'Espagne en 1492), s'est
sensiblement rйduite avec l'йmigration massive en Israлl (en 1948, quelque
260 000 individus йtaient regroupйs dans les mellahs, les quartiers juifs
des villes anciennes). L'origine des haratines prйsents dans les oasis
prйsahariennes est encore mal йlucidйe: certains pourraient кtre des
descendants d'anciennes populations autochtones installйes avant la
dйsertification du Sahara, d'autres des esclaves d'origine soudanaise. Les
Europйens, environ 500 000 а la veille de l'indйpendance, ne dйpassent pas
les 100 000. Prиs de 1 million de Marocains (7,6 % de la population
active) vivent а l'йtranger, dont la moitiй en France.
Estimйe а 28,2 millions d'habitants [1997], la population marocaine, qui
compte environ 4 enfants par femme [1995] pour un taux de mortalitй
relativement faible (6 [permil]) [estimation 1997], est trиs jeune. Les
moins de 15 ans reprйsentent ainsi 40,5 % de la population totale et les
plus de 60 ans seulement 6 % (pour la France, les donnйes pour ces
tranches d'вge s'йlиvent respectivement а 19,1 % et 19,9 %). Rabat, la
capitale, compte 1,3 million d'habitants [1994].

Йconomie
L'agriculture s'est vu assigner une place prioritaire dans le modиle de
dйveloppement retenu au lendemain de l'indйpendance. Ce secteur a
bйnйficiй d'investissements massifs pour la construction de barrages et
l'йquipement de grands pйrimиtres irriguйs, tandis que des subventions
йtaient accordйes а l'initiative privйe. Il devait permettre, d'une part,
d'approvisionner le pays, notamment les populations urbaines, et, d'autre
part, de fournir а l'exportation les devises nйcessaires а l'achat de
biens d'йquipement.

Ressources minйrales et йnergйtiques
Le Maroc est le 3e producteur et le 1er exportateur mondial de phosphates.
Le territoire recиle aussi des gisements de fer et de minerais non ferreux
dans les montagnes: plomb, manganиse, cobalt, cuivre, zinc, antimoine,
molybdиne. Les ressources йnergйtiques sont, en revanche, plus limitйes:
anthracite, pйtrole et gaz naturel couvrent а peine 20 % des besoins et ne
peuvent empкcher le recours aux importations.

Agriculture et йlevage
Deux formes d'agriculture se juxtaposent: un secteur traditionnel,
utilisant l'araire ou la houe, tournй vers les cultures de subsistance, et
un secteur moderne, mйcanisй, orientй vers l'exportation. Les principales
productions sont les cйrйales (blй, orge et maпs), les lйgumineuses
(fиves, pois, lentilles, haricots), les cultures maraоchиres, les agrumes
et les plantes sucriиres. L'arboriculture fruitiиre et les oliviers
fournissent un complйment non nйgligeable. Le systиme foncier prйsente une
grande complexitй: terres en propriйtй privйe, terres collectives des
tribus, terres appartenant а des fondations religieuses (habbous),
domaines privйs de l'Йtat. De fortes inйgalitйs sont constatйes: un tiers
des paysans sont sans terre et la moitiй des superficies cultivйes sont
dйtenues par 6 % des propriйtaires.
L'йlevage, qui joue une fonction de «caisse d'йpargne», occupe une place
prйpondйrante dans le secteur agropastoral. Apte а l'attelage et au
portage, le cheptel fournit le lait, le beurre et la viande destinйs а la
consommation familiale. La laine et les poils de chиvre entrent dans la
composition des djellabas, des couvertures et des cordes. Gйnйralement
extensif, l'йlevage se pratique sur des parcours collectifs; il prйsente
des modalitйs rйgionales qui vont des grandes transhumances concernant des
familles entiиres aux mouvements de moindre amplitude menйs par un berger.
А cфtй du faire-valoir direct (qui s'accompagne d'une rйpartition des
tвches agropastorales entre les diffйrents membres de l'unitй domestique)
et des multiples formes de coopйration entre les familles existent de
nombreuses associations а part de rйcolte ou а part de croоt sur le
troupeau. Dans le khammessat, association trиs anciennement attestйe au
Maghreb, la production est le fruit de cinq facteurs (terre, instruments
de travail, semences, eau d'irrigation, travail), et un cinquiиme
seulement de la rйcolte revient au travailleur. Le mйtayage а moitiй de la
rйcolte et la location sont йgalement pratiquйs. Dans le secteur moderne,
le salariat domine.
En dйpit de la modernisation dont elle a йtй l'objet, l'agriculture n'est
pas en mesure de rйpondre aux objectifs fixйs en 1956. Le secteur moderne
a peu influencй la branche traditionnelle. En accentuant considйrablement
les dйsйquilibres rйgionaux, la politique des grands barrages a eu des
effets pervers: la dйforestation se poursuit et l'йrosion menace
directement les barrages d'envasement. Le dйficit alimentaire,
principalement pour les cйrйales et l'huile, est accentuй par l'explosion
dйmographique. Le trиs bas niveau de vie des agriculteurs, le plus faible
des trois pays du Maghreb, intensifie l'exode rural. Enfin, les
exportations agricoles (agrumes et primeurs) sont menacйes par la
constitution du grand marchй europйen, auquel le Maroc souhaiterait кtre
liй dans le cadre d'une zone de libre-йchange.

Industrie
L'industrie s'est essentiellement dйveloppйe depuis la Seconde Guerre
mondiale. En 1995, ce secteur reprйsentait prиs de 20 % du PIB. Les
industries alimentaires dominent, avec la transformation des cйrйales
(farine, biscuiterie, pвtes alimentaires) et les conserveries (lйgumes,
fruits, poisson). Les industries du textile, du cuir et du bвtiment
(matйriaux de construction) sont en pleine expansion. Le Maroc a su
diversifier ses activitйs avec la chimie, l'йlectronique, les papiers et
les cartons. Des usines de montage de camions et d'automobiles ont
йgalement vu le jour. Toutefois, l'йconomie souffre cruellement du manque
d'industries de base. L'artisanat joue un rфle de premier plan. А cфtй de
l'organisation traditionnelle des artisans en corporations se dйveloppent
des ateliers modernes et des centres d'apprentissage.

Tourisme
Le tourisme est important (plus de 2 millions de visiteurs en 1995). Les
plages mйditerranйennes et atlantiques, les paysages de montagne, la
proximitй du dйsert, le patrimoine artistique des villes impйriales
(Rabat, Fиs, Meknиs, Marrakech), l'animation de ses souks et l'hospitalitй
de ses habitants ont contribuй а faire du Maroc un grand centre
d'attraction. Les sйjours touristiques, avec notamment les voyages
organisйs, assurent en outre un dйbouchй aux produits de l'artisanat.

Les йchanges
L'essentiel des exportations concerne dйsormais les produits manufacturйs,
devant les ressources miniиres (au premier rang desquelles se placent les
phosphates) et certains produits agricoles (fruits et lйgumes). Les
importations portent essentiellement sur les produits йnergйtiques, les
biens d'йquipement et les biens de consommation. Les mauvaises annйes
agricoles, comme 1992, imposent le recours а de fortes importations de
cйrйales. La part de la France dans les йchanges extйrieurs reste
prйpondйrante (un quart de la valeur des importations, un tiers de celle
des exportations), largement devant les autres pays de la Communautй
europйenne (Espagne, Italie, Allemagne). Les relations commerciales avec
les autres pays du Maghreb demeurent extrкmement limitйes (3 % des
йchanges).

Histoire
L'histoire du Maroc peut кtre caractйrisйe par deux traits apparemment
contradictoires. D'un cфtй, nombre d'auteurs insistent sur son
«insularitй» gйographique – doublйe d'une histoire originale due а la
persistance а travers plusieurs millйnaires de la culture et de la langue
berbиres – et sur la continuitй d'une monarchie qui remonte au VIIIe
siиcle. D'un autre cфtй, le Maroc apparaоt comme le point de rencontre des
mondes africain, oriental et europйen. Vйritable creuset de civilisation,
il a rйagi avec son caractиre а la formation des Empires phйnicien et
romain. Il s'est islamisй dиs le VIIIe siиcle puis s'est peu а peu
arabisй. Au XIXe siиcle et au dйbut du XXe siиcle, il connaоt les visйes
de l'impйrialisme europйen, avant de recouvrer sa totale indйpendance en
1956.

Le Maroc antique
Les traditions rapportйes par les auteurs antiques font remonter au XIIe
siиcle avant notre иre la colonisation phйnicienne, mкme si les
tйmoignages archйologiques ne donnent des datations qu'а partir du VIIe
siиcle av. J.-C. Les principales citйs phйniciennes йtaient Lixos
(Larache), Mogador (Essaouira) et Sala (prиs de Rabat). Le cйlиbre rйcit
connu sous le nom de Pйriple d'Hannon relate l'expйdition maritime menйe
par Carthage entre 475 et 450 av. J.-C., entreprise qui aurait atteint le
golfe de Guinйe. La synthиse rйussie de la vieille civilisation berbиre et
de la civilisation phйnicienne donne naissance а la civilisation
mauritanienne, ou nйopunique. Un important royaume berbиre se constitue
dans l'Ouest du Maghreb, qui voit un essor notable des villes. Sala, en
particulier, connaоt des moments de splendeur sous les rиgnes de Juba II
et de Ptolйmйe, son fils et successeur. En contact avec Rome mais non sous
sa domination, le royaume perd son indйpendance lorsque Caligula, en 40
apr. J.-C., pour s'emparer de ses richesses, fait assassiner Ptolйmйe а
Rome. Aprиs une guerre trиs dure, la Mauritanie devient une province de
l'Empire romain (Mauritanie Tingitane). Sa prospйritй repose sur
l'exploitation des ressources naturelles (produits de la mer, huile
d'olive), le dйveloppement du commerce et la construction de villes, dont
la plus cйlиbre, Volubilis, a livrй des bronzes, des dйcors sculptйs, des
mosaпques et des peintures. En 285, pour des raisons encore mal dйfinies,
l'administration romaine abandonne la majeure partie du territoire annexй.
L'influence de Rome ne modifia pas profondйment le caractиre de la
population, bien qu'on en trouve un certain nombre de marques, comme
l'usage dans les campagnes du calendrier julien pour les travaux
agricoles. En revanche, la christianisation, assez nette aux IIIe et IVe
siиcle, ne laissera aucune trace durable.

L'islamisation
L'йvйnement qui marquera l'avenir du Maroc se situe au VIIe siиcle: la
conquкte arabe et l'islamisation. L'entrйe des musulmans au Maghreb a йtй
pourtant beaucoup plus lente et difficile qu'ailleurs en raison de la vive
rйsistance des populations berbиres. Mais la conversion massive de ces
derniers а l'islam est un fait (ce seront d'ailleurs des troupes de
Berbиres convertis qui franchiront le dйtroit de Gibraltar pour pйnйtrer
en Espagne). Il ne s'йcoule que trente ans entre l'expйdition arabe
dirigйe par Uqba ibn Nafi, qui parvient au Maghreb extrкme en 681, et la
conquкte de l'Espagne par le Berbиre Tariq ibn Ziyad. Il est tout aussi
remarquable que les nombreux soulиvements berbиres, tout au long de
l'histoire, aient йtй dirigйs contre les Arabes, et non contre les
musulmans; dans la plupart des cas, ils se feront mкme au nom de l'islam
(mouvements kharidjites et chiites). La rйvolte kharidjite, au milieu du
VIIIe siиcle, exprime dans le langage de l'islam les aspirations
йgalitaires des Berbиres et leur hostilitй envers les envahisseurs arabes,
alors chassйs du Maghreb.

Les Idrisides: premiиre dynastie marocaine
Tandis que se consolide en Espagne le califat de Cordoue, Mulay Idris,
aprиs avoir йchappй au massacre des descendants du Prophиte par les
Abbassides, fonde la dynastie des Idrisides et s'installe prиs de
Volubilis en 786. Son fils Mulay Idris II йlargit son domaine et crйe la
ville de Fиs. Premiиre capitale du Maroc, cette citй devient un grand
centre йconomique, social, religieux et artistique. Assurant une
remarquable synthиse des influences orientales et ibйrique, le Maroc se
dote alors de grandes rйalisations architecturales, telles la mosquйe
Qarawiyyin et celle des Andalous а Fиs. Ainsi le Maroc, dиs le IXe siиcle,
est-il bien individualisй. Mais, а la mort de Muhammad, fils de Mulay
Idris II, le Maghreb extrкme se morcelle en plusieurs petits royaumes
rivaux.

Les dynasties berbиres
Il faut attendre le XIe siиcle pour que les Almoravides (al-Morabitun,
c'est-а-dire les gens des ribat, les couvents fortifiйs), nomades du
dйsert appartenant а la tribu berbиre des Sanhadjas, rйformateurs
religieux et grands guerriers, fondent Marrakech (1062) et achиvent
l'unitй du Maroc (1083). La conquкte les mиne en Espagne et, par le
Soudan, jusqu'au royaume de Ghana. Le pouvoir almoravide est supplantй en
1147 par celui des Almohades. Partis de Tinmel (Haut Atlas) sous
l'impulsion d'un grand rйformateur religieux et censeur des moeurs,
Muhammad ibn Tumart, ils s'emparent de Marrakech (oщ ils construisent la
mosquйe de la Koutoubia), fondent Rabat et йtendent leur pouvoir а
l'ensemble de l'Afrique du Nord. Les Almohades rйalisent ainsi l'unitй
d'un immense empire englobant l'ensemble de l'Occident musulman,
c'est-а-dire toute la Berbйrie, de l'Atlantique а Gabиs, et l'Espagne
musulmane autour de l'amir al-muminin (le «Commandeur des croyants»),
titre pris par Abu Yusuf Yaqub al-Mansur.
La rйalisation de l'unitй du Maghreb, qui sera йphйmиre, joue un rфle trиs
fort dans l'imaginaire maghrйbin; on peut mкme y voir les prйmices de ce
que reprйsentera la crйation de l'Union du Maghreb arabe (UMA) en 1989. Au
bout d'un siиcle, les Almohades connaissent а leur tour le dйclin. Les
Hafsides de Tunis, le royaume de Tlemcen (а l'ouest de l'Algйrie), les
Mйrinides, installйs а Fиs, et la Reconquista chrйtienne en Espagne font а
nouveau йclater, et de maniиre durable, l'Occident musulman.

Mйrinides, Saadiens et Alaouites
Les Mйrinides, originaires des hauts plateaux, se donnent une nouvelle
capitale, Fиs Djedid (Fиs la Neuve), fondйe en 1276 par Abu Yusuf Yaqub.
Grand dйfenseur de l'orthodoxie religieuse, ce dernier entreprend а son
tour la construction de nombreuses mosquйes et mйdersas. Les siиcles qui
suivent sont une pйriode de repli relatif du Maroc sur lui-mкme. Au XVe
siиcle se prйcisent les visйes impйrialistes de l'Europe. Les Portugais
s'emparent de Ceuta (1415) et de Tanger (1471), puis crйent des comptoirs
sur toute la cфte atlantique; de leur cфtй, les Espagnols s'installent а
Melilla (1497). La domination ibйrique suscite un mouvement de rйsistance
nationale, cimentй par l'idйal de la guerre sainte et appuyй par les chefs
des confrйries religieuses. L'йmergence d'un pouvoir chйrifien, celui des
Saadiens (1578-1603), se fait jour. Venus du Draa, ces derniers
rйussissent а prйserver une indйpendance que menacent а la fois les
Europйens et les Turcs. Ils prennent Taroudannt pour capitale avant de
s'installer а Marrakech. Leur cour est brillante et riche de crйations
artistiques, comme en tйmoigne le palais el-Badi. Mais, au lendemain de la
mort d'al-Mansur, en 1603, l'anarchie reprend et les confrйries deviennent
de plus en plus influentes. Le pays est divisй en plusieurs principautйs
qui rivalisent entre elles jusqu'а l'avиnement de la dynastie des chйrifs
alaouites au milieu du XVIIe siиcle. Mulay Ismail (1672-1727) rйorganise
le Maroc et en assure la pacification, aprиs avoir menй une sйrie
d'expйditions militaires contre les tribus insoumises, les Turcs et les
chrйtiens. Il affermit ainsi la domination du pouvoir central, le makhzen
(mot arabe signifiant «trйsor, grenier», а l'origine du mot franзais
«magasin»), sur les pouvoirs locaux des tribus, jalouses de leur
indйpendance. Roi bвtisseur, il fonde Meknиs. Sa mort sera le signal d'une
pйriode troublйe: les rйvoltes montagnardes, l'opposition religieuse des
confrйries, les annйes de sйcheresse et de famine, les йpidйmies
(notamment la peste en 1797-1800) provoquent un effondrement
dйmographique, la montйe des caпds et le repli du Maroc sur lui-mкme.
Mulay Hasan (1873-1894) rйussit а maintenir l'indйpendance politique du
pays, mais l'affaiblissement du pouvoir central, l'entrйe en dissidence de
nombreuses tribus et les effets de la crise financiиre obligent l'Йtat
marocain а contracter des emprunts de plus en plus coыteux; celui de 1904
entraоne l'installation dans les ports marocains de contrфleurs franзais.

Le protectorat franзais
La confйrence d'Algйsiras (1906), qui entйrine l'intervention des
puissances occidentales au Maroc, reconnaоt а l'Espagne et а la France des
droits particuliers. En aoыt 1907, les Franзais dйbarquent а Casablanca,
et, en dйpit de l'opposition de l'Allemagne, le traitй de protectorat,
finalement imposй au sultan du Maroc, est signй а Fиs le 30 mars 1912. Le
gйnйral Lyautey est nommй premier rйsident gйnйral de la France. La
rйsistance est vive et les rйvoltes berbиres sont nombreuses. Aprиs la
reddition d'Abd el-Krim, qui soulиve les masses paysannes dans le Rif
(1921-1926), la France recourt а l'administration directe et а la
colonisation rurale en encourageant l'installation d'Europйens. Elle
entretient l'opposition entre Arabes et Berbиres. Le dahir de 1930 retire
la juridiction des populations berbиres au sultan, responsable de la loi
musulmane, et leur йtablit des tribunaux propres appliquant le droit
coutumier. C'est l'occasion d'un rйveil de l'opposition. Allal al-Fasi et
un groupe de jeunes lettrйs fondent а Fиs le parti national, avec pour
revendication essentielle l'abrogation du dahir. Mais, alors que s'achиve
la pacification franзaise en 1934, les prйmices du mouvement pour
l'indйpendance se font dйjа sentir. Le mouvement nationaliste est
influencй par les doctrines rйformistes et le panarabisme qui agitent les
sociйtйs musulmanes. Si, pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes
marocaines combattent aux cфtйs des Franзais, la rencontre entre le sultan
Muhammad V ibn Yusuf et le prйsident amйricain Roosevelt а Anfa, en juin
1943, accentue les revendications nationalistes.
Au lendemain de la guerre, la pйnurie alimentaire provoque une grande
misиre et une forte йmigration rurale. La rйsistance au protectorat prend
alors un caractиre plus urbain. Oppositions rurale et urbaine se
rejoignent aprиs 1950, au moment oщ le sultan prend une part prйpondйrante
dans la lutte pour l'indйpendance. Aprиs avoir tentй, en vain, de nйgocier
avec la France, il prononce, en novembre 1952, un discours rйclamant
l'йmancipation politique totale et immйdiate du Maroc. Des notables et des
chefs de confrйrie, avec а leur tкte al-Hadjdj Thami al-Glawi, entrent
alors dans un complot visant а renverser le sultan: Muhammad V est dйposй,
arrкtй, puis exilй а Madagascar avec ses fils, dont le futur roi Hassan
II. Une rupture totale s'instaure dиs lors entre le nouveau rйgime et la
population, qui ne reconnaоt pas la lйgitimitй de Muhammad ibn Arafa,
autre membre de la famille alaouite. Ce refus revкt un caractиre
politique, religieux et йconomique (boycott des produits franзais); il
s'accompagne d'une vague d'agitation et de la constitution d'une armйe de
libйration.
La conjonction des insurrections marocaine et algйrienne contraint Paris,
qui choisit de consacrer l'essentiel de son effort militaire а l'Algйrie,
а engager des nйgociations avec le sultan. Ces derniиres aboutissent, le 2
mars 1956, а la signature d'une convention qui abolit le traitй de Fиs.
L'ampleur des manifestations populaires oblige йgalement l'Espagne а
mettre fin а son protectorat, le 7 avril 1956. Aprиs quarante-quatre ans
de tutelle йtrangиre, le Maroc retrouve son indйpendance et son unitй.
Muhammad V rentre dans son pays, acclamй comme le libйrateur de la nation
marocaine. Dиs 1958, il annonce des rйformes йconomiques, sociales et
politiques. Il s'engage а doter le Maroc d'institutions permettant une
participation directe du peuple а la gestion des affaires publiques.

Le rиgne de Hassan II
Muhammad V meurt le 26 fйvrier 1961. Son fils Hassan II lui succиde.
Respectant la promesse qu'il a faite а son pиre d'йtablir un rйgime
dйmocratique dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle, il fait
approuver par rйfйrendum, le 7 dйcembre 1962, une Constitution qui
institue le multipartisme et la sйparation des pouvoirs. Le rфle du
Parlement est relativement limitй. Celui du roi, en revanche, est trиs
йtendu: le monarque nomme le Premier ministre et les ministres, qu'il peut
rйvoquer а son grй. Chef des forces armйes, il a le pouvoir de proclamer
l'йtat d'exception si le pays venait а кtre menacй. En tant que
«Commandeur des croyants», il est le chef religieux suprкme et veille au
respect de l'islam. Les annйes qui suivent son investiture voient
s'organiser des йmeutes populaires а Casablanca, Rabat et Fиs. L'йtat
d'exception est instituй, la Chambre est dissoute et le roi prend les
pleins pouvoirs. En 1965, Mehdi Ben Barka, condamnй а mort par contumace
pour complot contre le rйgime, est enlevй а Paris et secrиtement
assassinй. Deux tentatives d'assassinat du roi – la premiиre lors d'une
rйception dans sa rйsidence de Skirat en 1971, la seconde par des pilotes
de l'aviation de chasse en 1972 – provoquent une sйvиre rйpression.
А partir de 1973, le roi, en habile politique, comprend la nйcessitй
d'assouplir son pouvoir. La «marocanisation» des terres reprises aux
йtrangers lui redonne l'adhйsion populaire, et la question du Sahara
espagnol lui permet de ressouder autour de sa personne l'ensemble de la
population. Le Front Polisario a entamй sa lutte armйe en 1973 (Madrid
envisage alors d'accorder l'indйpendance а ce territoire, que le Maroc
revendique).
А l'automne de 1975, Hassan II organise la «Marche verte»: environ 350 000
Marocains rйpondent а son appel et, «drapeau en tкte et Coran а la main»,
descendent pacifiquement jusqu'au Sahara occidental. Cette marche a un
impact extrкmement fort а l'intйrieur du pays, dans la mesure oщ toutes
les forces politiques, y compris dans l'opposition, se placent aux cфtйs
du monarque. Cette question entraоne une crise profonde entre le Maroc et
l'Algйrie (qui apporte son soutien au mouvement sahraoui). Mais, ayant
maоtrisй la «guerre des sables», le Maroc poursuit en 1993 l'йtude d'un
projet de rйfйrendum sous l'йgide de l'ONU. Mais, malgrй l'instauration
d'un cessez-le-feu et l'acceptation par les deux parties d'un rйfйrendum
d'autodйtermination proposй par l'ONU et l'OUA (1988), le rйglement de ce
conflit reste encore bloquй.
Hassan II, qui souhaite moderniser son pays, s'efforce d'ailleurs de
prolonger le climat d'union nationale : libйration de prisonniers
politiques, levйes de la censure, йlections, reconnaissance des partis
d'opposition, dont l'Istiqlal. Sous la pression conjointe de la
contestation intйrieure et de la volontй du roi, une nouvelle
constitution, approuvйe par rйfйrendum en septembre 1992, йlargit le rфle
du Parlement et affirme plus nettement la sйparation des pouvoirs. Ainsi,
en novembre 1997, les premiиres йlections lйgislatives au scrutin
universel donnent la majoritй des siиges а l'Union socialiste des forces
populaires (USFP), tandis que le Mouvement populaire constitutionnel
dйmocratique (islamiste) obtient six siиges dans la nouvelle Assemblйe.
Nommй Premier ministre par le roi Hassan II, le socialiste Abderahmane
Youssoufi se voit alors confier la formation d'un gouvernement de
coalition.
D'autre part, sur le plan international, le Maroc, qui a adhйrй au GATT
(c'est d'ailleurs а Marrakech qu'a йtй signй le 15 avril 1994 l'accord
final de l'Uruguay Round), a activement participй а la crйation, en
fйvrier 1989, de l'Union du Maghreb arabe (UMA), tout en s'efforзant
d'accйlйrer le processus de paix au Moyen-Orient. Par ailleurs, entre
grogne sociale et agitation islamiste, l'ancrage а l'Europe apparaоt
revкtir une importance stratйgique : en 1987, le Maroc a fait acte de
candidature pour rejoindre la Communautй europйenne.

Йtat et institutions
Le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Le souverain, qui possиde
une lйgitimitй religieuse, appartient aux Alaouites, dynastie chйrifienne
issue du Prophиte. Au moment de son investiture et а l'occasion de la fкte
du Trфne, chaque annйe, ses sujets renouvellent le pacte d'allйgeance qui
les lie а leur souverain. On comprend donc que son rфle rйel soit plus
йtendu que ne le laisse paraоtre une Constitution qui met l'accent sur le
multipartisme, la sйparation des pouvoirs et insiste sur le rфle du
Parlement. Pour promouvoir le dйveloppement йconomique et social, le Maroc
a opйrй une rйgionalisation et une dйcentralisation communale.

Sociйtй
Avec la diversitй d'une population de souche berbиre, un autre facteur
d'hйtйrogйnйitй tient aux fortes disparitйs sociales. Un tiers de la
population vivrait au-dessous du seuil de pauvretй, aussi bien dans les
villes qu'en milieu rural. Le taux de chфmage atteindrait prиs de 20 % de
la population active. La scolarisation primaire, si elle touche 80 % des
enfants, ne concerne que 64 filles pour 100 garзons. Ces lacunes tiennent
а l'insuffisance des infrastructures, surtout dans les montagnes, et а la
persistance du travail des enfants. Il n'est donc pas surprenant que le
planning familial se heurte а de fortes rйsistances. Le statut de la
femme, s'il a considйrablement йvoluй pour certaines couches de la
population au mode de vie occidentalisй, n'a cependant pas connu de
changement radical. Le Code marocain de statut personnel s'inspire trиs
largement, en dйpit de quelques assouplissements, de la loi musulmane:
reconnaissance de la polygamie, maintien pour l'homme du droit de
rйpudiation. La prйsence mйdicale est encore trиs inйgalement rйpartie sur
le territoire, qui compte en moyenne un mйdecin pour 4 380 habitants. La
mortalitй infantile (62 [permil]) [estimation 1997] est la plus йlevйe de
l'Afrique du Nord.
Aussi hйtйroclite que soit la population, aussi inйgales que soient ses
conditions de vie, et en dйpit des diffйrences linguistiques – alors que
les hommes berbиres sont pour la plupart bilingues, les femmes non
scolarisйes ne comprennent pas l'arabe –, un certain nombre de facteurs,
au premier rang desquels vient l'islam, assurent а la sociйtй une forte
cohйsion. L'appartenance а la communautй musulmane s'affirme, en effet,
comme un puissant ciment. L'appel aux cinq priиres quotidiennes, la priиre
commune du vendredi, le respect du ramadan, la fкte du sacrifice crйent de
solides liens. Si l'islam marocain prйsente certaines particularitйs, avec
notamment l'importance du culte des saints (qui est combattu par les
rйformistes), il est frappant de voir se cфtoyer des gens de toutes
origines, comme а l'occasion des moussems.
Le lien familial est йgalement trиs fort. Prиs de la moitiй des foyers
marocains, tout particuliиrement en milieu rural, abritent des familles
йtendues. En permettant une rйpartition des tвches et une diversification
des activitйs, ces derniиres constituent un palliatif de la prйcaritй
йconomique. L'idйal de la grande famille patrilinйaire et du capital
d'honneur qui y est attachй reste trиs prйgnant. Que ce soit pour obtenir
une bourse ou trouver un emploi, les rйseaux traditionnels ayant pour base
la parentй se rйvиlent toujours plus efficaces que les dйmarches
officielles.

Culture et civilisation
Le patrimoine architectural du Maroc est а la fois riche et diversifiй.
Les diffйrentes dynasties qui se sont succйdй depuis le IXe siиcle ont
toutes connu de grands bвtisseurs qui ont laissй leur empreinte. Plusieurs
d'entre elles ont fondй une ville: Fиs al-Bali (Fиs l'Ancienne) a йtй
fondйe au VIIIe siиcle par les Idrisides, Marrakech au XIe siиcle par les
Almoravides, Rabat au XIIe siиcle par les Almohades, Fиs Djedid (Fиs la
Neuve) au XIIIe siиcle par les Mйrinides. Meknиs devint la capitale des
Alaouites au XVIIe siиcle. Les quatre villes impйriales portent ainsi la
marque de leurs fondateurs.

Un riche patrimoine architectural
L'architecture marocaine est une synthиse rйussie et originale des
influences andalouse et orientales (Kairouan). Les artistes excellent dans
le travail du bois ciselй et peint, dans la sculpture du marbre, dans les
marqueteries de cйramique polychrome et dans le plвtre ciselй. Les
monuments les plus remarquables ont souvent une vocation religieuse:
mosquйe Qarawiyyin а Fиs, minaret de la Koutoubia а Marrakech, mйdersas Bu
Inaniyya а Fиs et Ibn Yusuf а Marrakech. De ces йpoques subsistent aussi
des remparts, des casbahs (citadelles dйfensives), des palais, des
nйcropoles et des tombeaux. Les mйdinas de Fиs et de Marrakech conservent
une organisation spatiale et sociale traditionnelle. L'enchevкtrement des
ruelles et des impasses a pu faire croire а une anarchie constitutive de
la ville musulmane traditionnelle. Or, bien au contraire, celle-ci obйit а
un plan trиs rigoureux valorisant la hiйrarchisation des espaces. La
mosquйe occupe le coeur de l'ensemble. А sa proximitй se trouvent
implantйs les mйdersas et le souk des libraires. Les autres mйtiers sont
rйpartis par secteurs agencйs selon un ordre prйcis, des plus prestigieux
(souk des tissus) aux moins valorisйs (souk des tanneurs). Chaque quartier
jouit d'une relative autonomie et constitue un espace de voisinage avec sa
fontaine, son four, son hammam et quelques йpiceries; les maisons,
construites autour d'un patio, protиgent la vie privйe des regards
extйrieurs. La richesse ornementale du Maroc se dйploie йgalement en
milieu rural, avec une architecture de pierre et, plus encore, de terre
crue (pisй rouge ou blanc) en pays berbиre. Pouvant кtre qualifiйe
d'«architecture sans architecte», elle comprend entre autres les ksour,
villages fortifiйs de la vallйe du Draa, et les greniers collectifs du
Haut Atlas.

Littйrature orale et йcrite
La littйrature berbиre est toujours extrкmement vivante, qu'il s'agisse
des contes et lйgendes ou des chants poйtiques. La langue littйraire, de
tradition orale, en prose ou en vers, obйit а des rиgles trиs strictes.
Elle utilise un style sophistiquй et souvent mйtaphorique, reprend des
thиmes rйcurrents (l'amour, la nostalgie, le mal du pays), non sans une
certaine improvisation. L'utilisation du magnйtophone permet а la poйsie
de passer directement d'une transmission orale а l'enregistrement
magnйtique sans passer par la phase de l'йcriture. Il en va de mкme de la
littйrature orale arabe, qui utilise la langue dialectale. Elle comprend
un vaste rйpertoire de poйsies, d'йpopйes, de contes et de rйcits
merveilleux. La littйrature йcrite, longtemps de langue franзaise, a
acquis une grande renommйe internationale. Parmi les auteurs majeurs se
dйtachent Ahmed Sefrioui (le Chapelet d'ambre, 1949; la Boоte а
merveilles, 1954), Driss Chraпbi (le Passй simple, 1954; la Foule, 1961),
Abdellatif Laabi (l'OEil et la Nuit, 1969), Mohammed Khaпr-Eddine (Agadir,
1967), Abdelkйbir Khatibi (la Mйmoire tatouйe, 1971; la Blessure du nom
propre, 1974), Tahar Ben Jelloun (Cicatrices du soleil, 1972; La Plus
Haute des solitudes, 1977; l'Enfant de sable, 1985; la Nuit sacrйe, 1987).
Quant а la littйrature de langue arabe, peu traduite, elle s'est
dйveloppйe plus tardivement et reste encore mal connue en Occident.
L'arabe classique n'est d'ailleurs compris au Maroc que par une petite
йlite, l'arabe dialectal marocain en йtant trиs йloignй. On peut retenir
les noms des romanciers Abdelmajid Ben Jelloun et Mohammed Choukri.

Artisanat
L'artisanat occupe partout une place de premier plan. Les prйcieux
manuscrits de la Bibliothиque royale ou ceux de la mosquйe Qarawiyyin
tйmoignent d'un art remarquable de la calligraphie. Les bijoux en or et en
argent sont finement travaillйs. Les cйramiques anciennes (poterie
vernissйe ou faпence йmaillйe) prйsentent des dйcors constituйs de fleurs
et d'arabesques monochromes, gйnйralement bleus, ou polychromes, aux tons
bleus, bruns, verts et jaunes. Celles de Fиs sont particuliиrement
renommйes. La richesse de ce patrimoine ne doit pas laisser dans l'ombre
l'extraordinaire variйtй de l'artisanat: poterie, travail du bois,
maroquinerie, confection, travail des mйtaux, vannerie, assemblage de
tapis et de couvertures. Les artisans marocains, que ce soit en milieu
rural – essentiellement berbиre – ou dans les villes – ils sont organisйs
en corporations dans les citйs –, font preuve d'un savoir-faire et d'une
habiletй remarquables.

Musique
Les styles musicaux sont variйs. La musique d'inspiration arabo-andalouse
se rencontre dans les villes. Dans l'ala, les chanteurs accompagnйs de
nombreux instruments (tambourin, luth, cithare, violon, alto) entrecoupent
d'йvocations libres les thиmes classiques. Dans le Haut Atlas, comme dans
toutes les rйgions berbиres, chaque fкte villageoise s'accompagne de
chants dansйs. Lors des ahwach, les choeurs se font face et reprennent
alternativement une phrase musicale d'abord interprйtйe par un soliste.

Valeria Mazza 1SSLMIT

Esempio